Société de consommation : reprendre le pouvoir [8/8]

Quelles sont les solutions au quotidien ?

Société de consommation : reprendre le pouvoir [8/8]

Quelles sont les solutions au quotidien ?

Cet article fait partie d’une série sur la société de consommation. L’article précédent est ici, le tout premier de la série est ici.


"Le tigre est en toi"

On a vu que le consumérisme ne nous rend pas heureux et épuise les ressources limitées de la planète. Puis on a vu dans l’épisode [7/8] que prendre conscience des mécanismes de la société de consommation et les remettre en question, c’est le plus difficile à faire. Mais maintenant que c’est fait, il ne reste plus que la partie la facile : se retrousser les manches ! Allez, hop !

L’important c’est de se lancer, chacun selon ses capacités.

Quelques personnes m’ont demandé, plus ou moins affolées, s’il faudrait “revenir en arrière” et se remettre à vivre comme nos lointains aïeuls pour retrouver une empreinte écologique acceptable.

Je trouve que cette interrogation est très pertinente. J’y réponds en disant que “revenir en arrière” n’est une option pour personne, pas même pour les écologistes les plus radicaux !

On n’a pas besoin de vivre comme au Moyen Âge pour arriver à la même empreinte écologique.

Aujourd’hui grâce à la science, à de meilleures techniques, et à une meilleure utilisation des ressources, on peut viser une empreinte écologique comparable à celle de nos ancêtres, avec plus d’avantages et moins d’inconvénients.

En agriculture, par exemple, on sait maintenant comment produire plus de nourriture avec moins de superficie, aucun déchet, aucun pesticide chimique et aucune pollution (spoiler alert : ça s’appelle la permaculture, un système qui permet une agriculture bio très productive). Donc pas besoin de “revenir en arrière” pour diminuer notre empreinte écologique, on a plein d’autres manière d’y arriver !

J’ai dit non !

Ces solutions tournent toutes autour d’une autre vision du monde, une vision plus circulaire, c’est-à-dire un monde où tout se réutilise et se recycle. Quand vous épluchez des légumes et que vous mettez les épluchures dans un compost, elles se décomposent en une matière très fertiles, que l’on utilise pour fertiliser le potager et ainsi obtenir de nouveaux légumes à éplucher. Voilà, ça c’est un système circulaire.

En utilisant intelligemment nos ressources, dont les déchets, on peut maintenir de très bons niveaux de vie sans gâchis.

“Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, comme il disait l’autre !

Pour diminuer notre empreinte écologique, on va (re)découvrir d’autres manières de consommer et de s’épanouir, dans des activités qui non seulement respectent la nature, mais nous rendent aussi beaucoup plus heureux.

Je vais maintenant vous donner des pistes pour changer les choses au quotidien.

Mon but n’est pas de vous prescrire une liste de comportements vertueux comme on prescrirait une liste de médicaments. Je ne suis pas un exemple et je ne suis pas non plus omnisciente. Je vais juste lancer des idées au vent et je compte sur vous pour vous emparer de celles qui vous plaisent, et les améliorer si nécessaire.

Je vous propose plusieurs types d’actions en fonction du temps dont vous disposez et de votre motivation. Tout le monde peut participer, même les plus flemmards (je vous ai vu !).


Le révolutionnaire de canapé

Le révolutionnaire de canapé est au aussi un philosophe du dimanche.

C’est le weekend, vous faites la baleine au fond du canapé (je compatis) : c’est le moment parfait pour faire des petits jeux rigolos. Bon c’est un peu des jeux d’intellos mais je vous promets que c’est rigolo ! Et très instructif.

L’éducation aux médias

Pour les révolutionnaires débutants : si vous vous promenez dans la rue, dans le métro, ou sur internet depuis votre canapé, vous pouvez jouer à “Photoshop ou pas Photoshop ?” dès que vous voyez une publicité. La règle du jeu, c’est de deviner si la photo utilisée pour la publicité a été retouchée sur Photoshop (ou tout autre logiciel comparable). Ce qui est bien avec ce jeu, c’est que si vous répondez “Photoshop”, vous avez presque 100% de chances de gagner. Ce qui en fait un jeu parfait pour les mauvais perdants.

Puis pour les petits filous, je vous propose le super bingo des biais cognitifs. Ce sont des mécanismes psychologiques souvent inconscients qui modifient notre perception de la réalité et nous font prendre des décisions irrationnelles. Le marketing et la publicité les adorent parce qu’ils leur permettent de nous manipuler sans qu’on ne s’en rende compte. Je vous invite à jeter un oeil à cette liste des biais cognitifs inconscients les plus connus et à cet article intitulé “12 biais cognitifs à connaître pour influencer vos clients”, puis de repérer ceux utilisés par les publicités au quotidien.

Ce jeu des biais cognitifs fait partie d’un ensemble de connaissances plus général qu’on appelle l’éducation aux médias. Il s’agit d’apprendre à décrypter les messages véhiculés par les médias, dont les publicités. Et ce n’est pas toujours évident, même pour les plus aguerris.

Si je vous invite à vous familiariser avec les biais cognitifs et les logiques marchandes de la société de consommation en général, c’est justement pour vous permettre de repérer à quel moment on essaie de vous manipuler. Déceler les ficelles utilisées en marketing c’est, selon moi, la meilleure manière de ne pas se laisser avoir.

Les surfeurs du web

Sur le net, une bonne manière de se prémunir contre la tentation est de se désabonner aux newsletters des marques. Quand une marque de consommation vous envoie un mail, elle veut surtout se rappeler à votre bon souvenir et actionner le biais de simple exposition ainsi que le biais de disponibilité. Si vous avez peur de ne plus recevoir ses super offres promotionnelles, rappelez-vous que ce sont des outils de marketing avant tout destinés à vous faire consommer plus. C’est le même principe que les soldes : elles utilisent le biais d’ancrage/effet de contraste et l’effet de rareté.

Normalement, on peut facilement se désabonner d’une newsletter en cliquant sur un lien tout en haut ou tout en bas de l’email. Vous pouvez le faire depuis votre salon sans avoir à fournir un effort indécent.

Vous pouvez aussi vous offrir les services luxueux mais gratuits d’un bloqueur de pub. Il empêchera l’affichage des publicités sur internet. Il faut cependant savoir que le business model de ces sociétés, c’est de laisser passer certaines pubs quand même, pour les annonceurs qui y mettent le prix. AdBlock est le plus célèbre, moi j’utilise uBlock Origin.

Enfin, pour ceux qui ont une télé et qui ne comptent pas s’en débarrasser, voici un conseil très concret : si vous ne la regardez pas, ne la laissez surtout pas en bruit de fond pendant que vous faites autre chose. Je vous explique pourquoi dans l’épisode [4/8] de la saga, où je parle des méthodes de manipulations communément utilisées en marketing. Si vous êtes occupés à faire des tâches ménagères par exemple, privilégiez plutôt de la bonne musique ou un livre audio.

Et puisque vous êtes déjà confortablement installés, je vous invite à en profiter pour regarder le film Demain. Bon appétit !


Le chercheur de temps perdu

Si vous avez un emploi du temps chargé, vous savez à quel point votre temps est précieux. C’est donc une bonne raison de le perdre ! Oui oui, vous avez bien lu.

Être et avoir

Le chercheur de temps perdu peut être à la fois un aventurier et un artiste. Il aime prendre le temps de penser, d’imaginer, de rêver. Il préfère vivre des expériences enrichissantes que posséder des choses.

Le chercheur de temps perdu préfère prendre le temps de créer plutôt que l’apparente facilité d’acheter. D’une certaine manière, on peut dire qu’il aime mieux faire et savoir plutôt qu’avoir.

Bon ça peut paraître un peu abstrait comme formule. Mais concrètement, ça veut dire qu’on peut construire son identité non pas à partir des objets que l’on achète (les vêtements, voitures, smartphones) mais plutôt à partir de ce que l’on fait de son temps libre, de ses mains, et de sa tête. Jardinage, cuisine, peinture, musique, lecture… Il y a tant de choses à faire !

Cela veut dire aussi que, dans la mesure du possible, on peut décider de gagner moins d’argent pour gagner plus de temps.

Le temps est la vraie richesse.

Dans un commentaire, tastybud témoigne : “Ce que je vois c’est que le temps gagné à ne pas consommer est inestimable. Il ouvre des possibilités de félicité bien plus grande que la consommation elle-même… et ce temps libre est sans doute ce qui fait le plus peur aux junkies de l’achat que beaucoup d’entre nous sont.”

Vous avez justement l’impression que votre potentiel créatif n’est pas utilisé à sa juste valeur ? C’est l’occasion de se lancer !

On va en profiter pour découvrir de nouveaux loisirs, de nouvelles passions et peut-être de nouveaux talents insoupçonnés.

Prolonger le plaisir

Première étape facile : à Noël et aux anniversaires, plutôt que d’offrir ou de vous faire offrir des objets inutiles qui prendront la poussière dans un placard, pensez aux concerts, musées, expositions, massages ou encore cours de cuisine. Des plaisirs et des souvenirs qui ne sont pas soumis à l’obsolescence programmée.

Quand on en a marre de cette fichue obsolescence programmée, le premier réflexe est de chercher à réparer ses objets plutôt qu’à les remplacer. En fonction des marques et des produits, ça peut s’avérer plus ou moins difficile et chronophage. Autant prendre ça comme un challenge ! N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en avez besoin. Vous pourrez en trouver dans les Repair Cafés.

On peut aussi détourner plein d’objets de leur utilisation initiale pour en faire autre chose, et ne pas avoir à en acheter de nouveaux. Il y a du bon dans la transgression ! Allez donc regarder comment on peut transformer une vieille baignoire moche en un objet complètement différent dans cette vidéo. Quand je vous dis qu’on peut transformer n’importe quoi !

Si des vidéastes me lisent, pourquoi pas faire une émission où des bricoleurs créatifs recycleraient des objets pour leur donner une seconde vie, dans une utilisation complètement différente ou pour en faire des oeuvres d’art ? Je ne propose pas l’idée à TF1 parce que je ne pense pas que ça ramollirait assez les cerveaux à leur goût.

En prenant un peu le temps, vous pourrez vous découvrir un talent créatif pour le bricolage et la réutilisation. Vous pouvez faire des petits miracles et, pourquoi pas, des oeuvres d’art ! Moi, je suis déjà émue rien que d’arriver à garder mes plantes vertes en vie (j’ai un lourd passif avec les plantes d’appartement).

L’artiste qui sommeille en vous

Le petit bricolage est justement en train de revenir en force. Prenons par exemple le Do It Yourself (“Faites-le vous-mêmes”, abrégé DIY), qui consiste à fabriquer soi-même des choses qu’on aurait souvent pu acheter dans le commerce. Même les blogueuses de mode, étendards de la société de consommation, en raffolent. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque fabriquer quelque chose soi-même génère un réel sentiment d’accomplissement.

D’autant plus si l’on peut adapter et décorer ces objets selon nos goûts, explorer notre créativité, plutôt que d’acheter des produits de masse standardisés. Pour vous lancer, vous pouvez repérer un laboratoire de fabrication, abrégé FabLab, où vous pouvez utiliser des outils basiques et sophistiqués.

Des idées trouvées sur Pinterest (cliquez sur les images pour voir les instructions). A gauche : fabriquer des faux cactus ; au milieu : créer une tasse marbrée ; à droite : recycler une palette en bois.

En fait le Do It Yourself fait partie d’un ensemble infini d’activités gratuites ou presque qui apportent bien plus de plaisir que des achats. Il peut suffire d’une bonne paire de chaussures ou de crayons de couleur pour se lancer.

Les activités physiques et créatives procurent un sentiment de bien-être et d’accomplissement beaucoup plus intense et durable que des vêtements à la mode ou un smartphone dernier cri.

Pour ma part, j’ai découvert récemment le plaisir de faire du sport, de nager ou de marcher dans la nature. Mais il y a quelques années, je n’aurais jamais pensé dire ça (#laflemme). Pourtant, ça fait énormément de bien au corps et à l’esprit. Les endorphines produites par le corps pendant l’effort physique vous feront planer bien comme il faut. Ça vaut vraiment le coup.

Les bienfaits de la communauté

Il faut simplement prendre le temps de faire ce que l’on aime faire. Le but est de se reconnecter à ce que l’on est vraiment, et à ceux qui nous apprécient comme ça.

C’est ce lien à nous-mêmes et aux autres qui nous permettra de nous sortir du consumérisme et d’adorer cette nouvelle vie, plus authentique, plus empathique et plus respectueuse de l’environnement.

Pour recréer du lien social, il peut suffire de petits gestes simples. Comme faire connaissance avec ses voisins et leur dire bonjour. Vous allez me dire : on s’éloigne un peu du sujet, qu’est-ce que mes voisins ont à voir avec la société de consommation ?

Eh bien ça permet de recréer de la solidarité ainsi qu’un sentiment de communauté et d’acceptation au sein d’un groupe. Ça marche aussi avec des clubs (de sport, de lecture, de jardinage, de randonnée). Ce sont des sentiments qu’on avait pris l’habitude d’acheter, plutôt que de construire.

Avec des voisins ou amis, on peut aussi partager les objets qu’on n’utilise que rarement, comme certains objets de bricolage. Dans mes lectures, je suis souvent tombée sur l’exemple de la perceuse : on l’utilise rarement plus d’une heure dans l’année, alors à quoi bon en avoir une par foyer si on peut se la prêter quand on en a besoin ?

Ce qui marche pour la perceuse marche aussi pour les livres, les DVDs ou les jeux de société. Je parie que vous pouvez facilement trouver des amis qui ont déjà le livre que vous cherchez ou le film que vous voulez regarder (demandez sur Facebook, c’est souvent très efficace). Sinon, il y a évidemment les réseaux de bibliothèques et médiathèques, mais aussi quelques ludothèques.

Une ludothèque késako ? C’est comme une bibliothèque, mais pour emprunter des jeux de société et des jouets. On n’arrête pas le progrès !

Un monde magique

Puisqu’on parle de jeux, la pédopsychiatre Susan Linn de l’Université de Harvard conseille de privilégier les jeux créatifs avec les enfants, c’est-à-dire des jeux qui font appel à l’imagination et la créativité, plutôt que de leur offrir des jeux qui ne le permettent pas ou de les mettre devant la télévision.

Il est important que les enfants (les petits mais aussi les grands enfants que nous sommes) puissent s’inventer un univers, des personnages et des énigmes à résoudre, pour trouver des solutions tout en apprenant l’empathie et la coopération avec leurs camarades de jeu.

La pédopsychiatre explique que ces jeux permettent à l’enfant de développer un sentiment de compétence, c’est-à-dire le fait de penser qu’il a un rôle à jouer dans le monde. Le rapport avec la société de consommation ?

Les enfants qui jouent à des jeux créatifs ont moins besoin de biens de consommation pour s’amuser.Ils peuvent faire apparaître quelque chose à partir de rien et avec eux, un simple bâton peut faire office de baguette magique, d’épée, représenter le mât d’un bateau ou servir à faire des dessins dans le sable. Le plaisir qu’ils prennent ne dépend pas de la nouveauté d’une acquisition mais de ce qu’ils peuvent faire à partir de leur environnement. — Susan Linn

Le révolté du caddie

Les révoltés du caddie sont de plus en plus nombreux et c’est une excellente nouvelle ! Ils veulent consommer éthique et équitable, et ils s’informent sur l’impact social et environnemental des produits qu’ils achètent. C’est formidable, ça montre que les gens se posent des questions et ont envie de changement.

Essayer de consommer de manière responsable et solidaire avec les producteurs, c’est déjà “voter avec son pouvoir d’achat”. En plus des avantages personnels qu’on en tire (les aliments bio et locaux ont souvent meilleur goût par exemple), ça permet de soutenir des entreprises qui privilégient l’éthique plutôt que les profits à tout prix.

Ce type de consommation, que l’on appelle aussi consom’action, permet par ailleurs de montrer aux autres, à notre famille, nos amis, nos voisins, que l’on peut remettre en question notre manière de consommer avec optimisme et sans “revenir en arrière”.

La mode et les blogs

En discutant avec des lecteurs, un sujet est souvent revenu : le rôle des blogueurs, des youtubers, ou de ceux que l’on appelle de plus en plus les “influenceurs”. Parmi ces influenceurs, on trouve de tout : des gens avides qui sont prêts à promouvoir n’importe quoi pour un gros chèque, mais aussi des gens conscients de l’importance de véhiculer un message et des valeurs éthiques. Parfois, j’apprends des choses très intéressantes en traînant sur Youtube, Instagram ou Pinterest, on y trouve même des idées de bricolages faciles ou des conseils pour viser le “zéro déchet” au quotidien.

Sur Twitter, Milan Av-JC m’a appris beaucoup choses sur les solutions possibles dans le milieu de la mode et du textile. Elle m’a notamment écrit :

Beaucoup de gens pensent encore qu’ils n’ont aucun pouvoir à leur niveau et qu’au vu de leurs salaires et de ce qui est proposé en magasin, ils n’ont que le choix de subir. Pourtant il est clair qu’avec le phénomène des blogs et chaînes Youtubes, les marques ont finalement été forcées de s’adapter aux comportements des consommateurs…

En 2014, un gros média norvégien envoie trois blogueurs de 17 à 20 ans au Cambodge pour leur faire découvrir la vie des ouvrières du textile, celles qui fabriquent les vêtements qu’ils achètent à la pelle et sans se poser de question en Norvège. Pendant un mois, ils travaillent dans un atelier de confection, aux mêmes cadences que les ouvrières cambodgiennes, et pour le même salaire. Dans les épisodes que vous pouvez visionner ici en norvégien sous-titré anglais, les jeunes norvégiens comprennent que travailler dans ces conditions n’est pas juste difficile, c’est tout bonnement inhumain. Après cette expérience éprouvante, la jeune Anniken donne ce conseil évident que même les fashion victimes peuvent appliquer : “Demandez où sont fabriqués les vêtements. Choisissez judicieusement les marques.

Campagne Clean Clothes où figure la blogueuse norvégienne Frida Ottesen (à droite), qui a participé à l’expérience au Cambodge et est devenue une activiste des droits humains depuis.

Dans The Story of Stuff, Annie Leonard propose de se poser la question suivante avant de faire un achat :

Est-ce que j’accepterais d’être traité(e) comme les ouvriers qui ont fabriqué cet objet ?

Si le vêtement est très peu cher et vient du Bengladesh, la question à se poser est donc : est-ce que j’accepterais de travailler dans un atelier comme le Rana Plaza ?

Si j’ouvre mon armoire en me posant la question pour chacun de mes vêtements, paires de chaussures ou accessoires, je vois tout de suite les choses différemment.

Le pouvoir des réseaux sociaux

Aussi, n’hésitez pas à parler ouvertement des produits sur les réseaux sociaux, à interpeller les marques directement sur Facebook ou Twitter pour les mettre face à leurs responsabilités ou à leurs incohérences (tout en gardant en tête que vous vous adressez probablement à un community manager qui n’y est pour rien personnellement).

Dénoncer publiquement l’obsolescence programmée, la pollution ou l’exploitation des ouvriers aide non seulement les autres consommateurs à faire leurs choix, mais ça met aussi la pression sur les marques pour qu’elles améliorent leurs pratiques.

Vous l’aurez compris, la solution est de privilégier la qualité, la durabilité et l’éthique plutôt que la quantité. Plus facile à dire qu’à faire quand on a toujours vécu dans une société consumériste, mais la blogueuse mode qui sommeille en moi aurait envie de dire : privilégiez les basiques intemporels ! Ou comme le disait Coco Chanel :

La mode se démode, le style jamais.

Consommer local, c’est consommer durable

Ce qui marche pour la mode vaut évidemment pour l’alimentation. Quelques conseils basiques permettent d’éviter le gros des ennuis.

Pour veiller aux bonnes conditions de production et de conservation des produits frais, mieux vaut acheter des produits locaux, issus de l’agriculture biologique ou raisonnée.

De manière générale, quand on achète chez des producteurs, artisans ou prestataires de services locaux, on soutient l’économie locale. Non seulement vous consommer des produits de qualité (en général), mais c’est aussi un acte citoyen, profitable pour tout le monde. C’est du commerce équitable de proximité.

Oui, parce que consommer local permet de mieux gérer nos ressources locales ainsi que de maintenir des petites entreprises familiales et des emplois (dont peut-être le votre), qui assurent plus de stabilité économique que les grosses entreprises et les multinationales, prêtes à délocaliser.

Privilégiez donc un approvisionnement en fruits et légumes chez des maraîchers de la région (sur les marchés ou via une AMAP), dans les commerces de proximité plutôt que dans les grandes surfaces.

Vous allez voir, c’est très agréable de rencontrer des êtres humains fiers de leurs produits et heureux de les partager avec vous. Et ça alimente aussi le lien social.

Les marchés français, c’est quand même la classe.

Mieux et moins

Seul petit bémol : mieux vaut ne pas se fier aveuglément aux labels. Pour y voir plus clair dans les labels bio, je vous propose de consulter cet article de Natura Science. L’année dernière je me suis posé des questions sur le commerce équitable, j’en ai écrit un article ici.

Maintenant, il faut garder en tête qu’acheter bio, local ou équitable, c’est une solution efficace mais pas l’unique solution à tous les problèmes du consumérisme.

Il ne s’agit pas juste de remplacer tout ce que l’on consomme par de “meilleurs” produits.

Pour avoir un impact durable, il est aussi très important de ne plus consommer certaines choses, tout court. Et de recycler le reste.


Le superhéros de quartier

Quand on veut changer le monde, la meilleure solution c’est de commencer chez soi !

De mes recherches et expériences personnelles, j’ai compris que c’est au niveau local qu’on peut avoir le plus d’impact. Et ça tombe bien, c’est à portée de main !

La révolution est au coin de la rue

Viser local ne veut pas dire viser petit. Au contraire, on peut faire de très grandes choses à l’échelle de son quartier ou de sa ville.

Dans l’épisode 7/8, on a vu qu’il faut changer le système pour réduire notre empreinte écologique. Le quartier et la ville sont déjà des systèmes, qui font partie d’un système plus large.

Comment on fait pour être un superhéros de quartier ? On participe à un jardin partagé, et s’il n’existe pas, on le crée. On participe à des associations qui créent du lien social et préservent l’environnement. Si elles n’existent pas, on les crée.

On fait savoir au maire et à ses conseillers municipaux qu’on veut des pistes cyclables, des transports en commun, des évènements festifs (lien social) et écologiques, des énergies renouvelables, un système de gestion intelligente des déchets. Et si le maire ne veut pas ? On devient maire à la place du maire !

Les sources d’inspiration sont de plus en plus nombreuses et je vais vous en citer quelques unes. Il y a aujourd’hui tout un réseau de villes en transition qui se base sur un engagement collectif et optimiste. Mettre en place des systèmes écologiques peut même rapporter gros à la communauté.

ça tombe bien, le film Demain parle justement de ces communautés “en transition”. Allez, va le voir.

Des villes qui bougent

A Loos en Gohelle, une ancienne ville minière des Hauts de France (ancienne région Nord-Pas de Calais), la mairie a investi à fond dans le développement durable : panneaux solaires, récupération d’eaux de pluie, potagers collectifs. Un chemin malin mais qui peut surprendre, puisque c’est le charbon qui faisait vivre la ville jusque dans les années 1980. Aujourd’hui, ces investissements permettent aux habitants de faire des économies sur les factures. Le maire déclare au journal Le Monde : “Mon objectif dans les 20 ans qui viennent : faire de Loos-en-Gohelle une cellule souche en matière de développement durable, pour inspirer d’autres villes.” Le Monde en a fait un petit dossier en ligne, que vous pouvez lire ici.

A Albi, en Occitanie (ancienne région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées), on vise l’autosuffisance alimentaire locale. D’ici 2020, les habitants devraient pouvoir se nourrir entièrement de produire locaux et biologiques. Pour cela, la ville va mettre plusieurs dizaines d’hectares à dispositions de nouveaux maraîchers. Rennes vient d’annoncer qu’elle va suivre la même voie.

A Forcalquier (région PACA) ainsi qu’à Grenoble, la publicité dans l’espace publique est désormais strictement limitée. A Forcalquier, la quasi-totalité des panneaux publicitaires a été bannie par la mairie en 2009 à la suite d’une campagne menée par un collectif anonyme anti-publicité (vous voyez, ça marche !). A Grenoble, le maire écologiste a décidé de chasser les panneaux publicitaires et de ne conserver que les affichages culturels et associatifs. A la place, la mairie va planter des arbres. Bordeaux serait prête à suivre l’exemple.

La ville de San Francisco, elle, a décidé de viser le zéro déchet d’ici 2020. Ou plus précisément, de ne laisser aucun déchet non recyclé, non composté ou non réutilisé. Le recyclage et le compostage sont devenus obligatoires et valorisés pour les habitants : moins une famille utilise la poubelle “normale”, moins elle paie de taxes municipales pour le ramassage des déchets. Le compost est utilisé par les agriculteurs de la région. La ville recyclait déjà 77% de ses déchets en 2010 et d’autres grandes villes veulent s’y mettre, dont Seattle et New York.

De nombreuses villes commencent aussi à mettre en place des espaces de télétravail, aussi appelés espaces de coworking ou bureaux collaboratifs. Pour les entreprises qui le peuvent, le télétravail peut représenter des économies très intéressantes, tout en permettant aux employés de limiter les déplacements fatigants, coûteux et polluants. Il permet aussi de réduire les bouchons aux heures de pointe. Pour certains départements et villes en difficulté, c’est aussi l’espoir de garder ou d’attirer des gens qui, sinon, seraient partis trouver du travail ailleurs, tout en leur proposant un cadre de vie agréable, loin des grosses agglomérations.

Nicolas Marincic

Le maître de l’univers

Mais oui, tout à fait ! Pourquoi pas !

Une fois que vous êtes devenu un superhéros de quartier, rien ne peut vous arrêter ! Parlez de ce que vous faites autour de vous, montrez-le, documentez-le sur les réseaux sociaux : vos actions inspireront d’autres gens et leur donneront envie de suivre le mouvement !

C’est comme ça que naissent les mouvements citoyens forts et puissants. L’Histoire nous a montré que c’était possible. Pensons aux luttes féministes pour la contraception et l’autonomie des femmes, pensons à la lutte pour les droits civiques et la fin de la ségrégation raciale aux Etats Unis.

Reprenons le pouvoir. C’est possible.

C’est d’un changement de société dont nous avons besoin. Mais la société, c’est nous. N’attendons pas que le changement se fasse tout seul.

Surtout, ne laissons pas les multinationales, les traders et les spécialistes du marketing sans scrupules décider pour nous.

Pour mener ce changement culturel, soutenons les artistes qui nous font rêver d’un autre monde. Les écrivains, poètes, peintres, photographes, cinéastes, musiciens. On a besoin d’eux plus que jamais.

Soutenons aussi de toutes nos forces tous les inconnus qui changent le monde chaque jour, dans la lumière ou dans l’ombre.

Vous pouvez rejoindre le mouvement.

Vous pouvez être un artiste. Ou juste un inconnu qui change le monde.

Vous êtes le changement.


Le premier épisode de la série est ici :

[1/8] La société de consommation : cette créature qui nous fascine et qui nous détruit
A force de m’intéresser à l’environnement et au changement climatique, j’ai découvert que le problème n’était pas là o…medium.com